Akeji Sumiyoshi est né à Uchino (Kyoto, Japon) en 1938, sur les lieux d’un ancien palais impérial détruit. À l’exemple de certains maîtres spirituels, sa vie, entourée de mystère, ne se réduit pas à une série de repères événementiels, mais se compose d’une succession d’initiations.

À partir de l’âge de 3 ans, il est placé chez un de ses grands-pères, qui vit dans la montagne de Kurama Yama. Celui-ci l’initie dès son plus jeune âge aux Budo (calligraphie) et le sensibilise à l’Art du pinceau.

Plus tard, il approfondit le bouddhisme, étudie et pratique le Zen.

Adolescent, entamant une sorte de Musha-Shugyo, il est accueilli dans des sanctuaires shintô ; là, des servants lui enseignent la pharmacopée traditionnelle, le pouvoir des « simples ». Étudiant les traditions les plus anciennes du Japon, il en vient à se familiariser avec les pratiques chamaniques.

Il va également à la rencontre de la pensée occidentale en achevant ses études de droit à l’université de Kyoto. Puis il s’inscrit à l’université de Shimane où il étudie la chimie et les sciences naturelles. Ses goûts et sa curiosité le poussent vers une synthèse entre les disciplines orientales et les sciences occidentales, dans une sorte « d’humanisme Orient-Occident ».

À moins de 30 ans, jeune diplômé alors qu’il vit retiré dans les montagnes d’Izumo, il répond à l’appel du Premier ministre d’alors, Ichirô Hatoyama, qui le fait ensuite entrer dans un groupe de réflexion sur l’avenir du Japon.

En 1965, suite à l’annulation d’une conférence Afrique-Asie à Alger, il se rend en France où il reviendra plusieurs fois à pour présenter ses œuvres, ainsi qu’au Liechtenstein, en Espagne et en Allemagne.

Aujourd’hui, maître Akeji habite au nord de l’ancienne capitale, à Himuro, hameau reculé accroché aux flancs du Kurama Yama, dans un ancien refuge forestier où les bûcherons venaient s’abriter. Avec son épouse, il y mène une vie retirée, presque totalement autarcique.

« Après une toilette matinale à l’eau glacée d’une source captée plus haut dans la forêt, il s’adonne à la cueillette de baies ou de plantes, chasse au sabre le daim ou le sanglier. Ou encore, il ramasse du bois et des écorces qu’il utilise pour réparer son ermitage. S’il pêche volontiers, il ne pratique pas la culture de la terre. Parfois, il s’en va dans la montagne pour de longues expéditions qui exercent à la fois le corps et l’esprit. Et puis, dans une solitude que peuple la voix du vent dans les cèdres, il travaille à ses œuvres en suivant depuis son auvent le jeu de la lumière au gré des heures et des saisons. Les moyens de tout calligraphe sont le support (le papier mais aussi l’étoffe, le bois, la pierre), l’encre et les pinceaux. Maître Akeji s’insère dans la tradition de la calligraphie telle que la connaît l’Occident. Mais en plus, il a restauré de très anciennes traditions japonaises. À partir de plantes ou de minéraux, il élabore des pigments qu’il utilise pour travailler son support et créer des fluides qui lui servent à tracer ses idéogrammes. » Extrait de Le Sabre et le Pinceau, de Raymond Voyat et maître Akeji (Albin Michel).

Hervé Desvaux, photographe-marcheur, aujourd’hui...

Né à Avranches, ville balcon de la baie du Mont-Saint-Michel, il est resté fidèle à son bocage normand ainsi qu’à l’émotion de la photographie argentique. Homme de médias, il a décidé voici plus de 25 ans de commencer un cheminement personnel consistant, dans une société où tout va maintenant si vite, à simplement marcher à son rythme, à musarder pour rencontrer ce fameux « instant décisif », quête absolue de tout photographe au regard humaniste. « J’aime partir avec l’idée de faire une photo sans vraiment savoir quelle rencontre va surgir et quelle étincelle de vie va naître… ». Ses photographies relatent ses rencontres fortuites ou travaillées ; ses diverses expositions révèlent de véritables émotions. « J’ai toujours en mémoire la phrase de Brassaï : la photographie est l’art de rendre visible l’invisible », commente Hervé Desvaux. Lui qui a débuté à l’agence Keystone vient de voir un de ses reportages publié dans Polka, la revue de photojournalisme.

Pour Max Fullenbaum, écrivain et amateur d’art « Hervé sait d’instinct ce qu’a proclamé Marcel Duchamp au siècle dernier. Il sait que c’est le regardeur qui fait le tableau – en l’occurrence ici la photographie – et il fait confiance à ce regardeur pour qu’à partir des représentations qu’il lui soumet, le regardeur, quel que soit son âge, qu’il soit vieillard, adulte, enfant, puisse voyager, voyager dans l’œil du temps ».

« Hervé Desvaux, "photographe de l’humain", profondément humain, proche de ses semblables, tout proche des plus faibles, si proche qu’il capture – mais jamais ne vole – de précieux instants de vérité, de rares éclats d’authenticité qui rendent ses photos vraies. » Alain Genestar, directeur de Polka Magazine.