Jean-Luc Bourdon XXX
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Dans les coulisses d’une vie, Jean-Luc Bourdon naît d’abord sur les planches. Le conservatoire d’art dramatique fut son premier refuge, un sanctuaire où la voix s’élève et le geste dessine des vérités muettes. Là, entre les murs du Théâtre National ou les estrades du théâtre universitaire entre autres, ainsi que lors des expériences avec des groupes éphémères où dans le théâtre amateur, à lui seul un haut lieu d'expression, il endosse tour à tour les habits du comédien, du metteur en scène, de l’animateur, pour constater tout cela vain. La scène est son miroir, son souffle, un espace, mais l’authenticité se heurte aux masques, et l'ambition est incapable de créer l’œuvre vraiment – les mots qu’on lui renvoie sonnent faux, comme des échos déformés d’un chant qu’il porte en lui, s’apercevant que le poète n'est pas celui qui fait « de la poésie » mais celui qui retourne à la vérité au prix de la déconsidération du monde. Entre le visible – ces ritournelles intérieures qui dansent dans l’ombre – et l’invisible – ce voile qu’il soulève – il tisse en secret, sachant qu'à trop les dévoiler des choses peuvent mourir, la fuite étant la solution la plus intelligente que trouve toute forme de vie. Éloge de la fuite physique ou immobile.
Fin sans suite. Lecture.
Entre rêve et rituel. À la lisière du sommeil, mortel comme on dirait aujourd'hui, un homme s’abandonne à un rituel dont il ne sait s’il l’absorbe ou s’il le guide. Entre veille et songe, entre mots psalmodiés et silences suspendus, sa voix se perd dans une trame de vers, de chants et d’échos. Ce texte est un voyage : il épouse les formes du poème, de la litanie, du dialogue, comme autant de seuils franchis vers un ailleurs incertain. Au bord du songe, un homme se rend. Cet homme se nomme Arthur Rimbaud. Il suit un rite. Sa voix se fond dans un flot de chants et d’airs. Ce chant est un pas : il prend la forme du poème, du cri, ou du jeu, comme autant de seuils qu’il faut voir et vaincre. Le saut est le mot, et l'auteur qui écrit sur cet homme se dit « je ne devrais n'écrire plus que des choses chantées »