Né en 1951 en Angleterre, Will Menter vit et travaille en France depuis 1998 en Saône et Loire, à proximité de Chalon-sur-Saône. Il a tout d’abord débuté sa carrière en tant que musicien, saxophoniste de jazz, pour ensuite mêler musique et créations plastiques. Il construit des sculptures sonores à partir d’éléments naturels comme le bois, l’ardoise, l’eau, la terre et l’acier. Minimalistes et dépouillées, ses sculptures utilisent des mécanismes très simples. Il souhaite  « laisser les matériaux dans un état proche de leur état de base et les persuader en douceur de produire des sons complexes. » (WM)

C’est dans les années 80 qu’il commence à s’intéresser particulièrement à la conception d’instruments. Cette pratique a débuté suite à une volonté d’élargir sa palette sonore à l’aide d’instruments imaginés et conçus par lui-même. En parallèle, il se découvre un amour pour la musique africaine et reproduit notamment un instrument zimbabwéen, le mbira (« piano à pouces »). L’expérimentation de nouveaux sons le conduit à la réalisation de sculptures sonores, mariant sons et formes. Il définit lui-même son travail comme « hors-disciplines ».

Son travail s’articule autour de cinq éléments, le bois – symbole du monde végétal ; la pierre comme l’ardoise ou la céramique – représentante du monde physique non vivant ; le vent et l’eau – liens entre le monde vivant et non vivant ; et enfin l’être humain – symbole du monde animal. C’est à travers ces éléments qu’il tente d’explorer la condition humaine et d’établir un lien entre ses installations et le corps humain. En effet, depuis plusieurs années, Will Menter transpose cette réflexion dans des performances de danse contemporaine autour de ses œuvres avec la chorégraphe Aurore Gruel parmi d’autres.

Par ailleurs, ses sculptures sonores offrent un accueil physique aux sons : elles se définissent comme une composition produisant une gamme propre à Will Menter. De plus, dites « site specific » (inspirées par un lieu spécifique), ses œuvres in situ renforcent le lieu et la vision des créateurs de ce lieu : on assiste alors à une résonance sonore et visuelle mais également sociale, culturelle et historique. Cette résonance est renforcée par la volonté d’une expression sobre des matériaux qui laisse aux spectateurs une liberté d’interprétation : il crée l’oeuvre à travers ses cinq sens. Ainsi s’opère une sensibilisation aux plaisirs de la nature afin de réduire la distance entre la nature et la création humaine.

« Mon travail explore notre rapport aux sons, comment nous trouvons du plaisir à travers l’écoute, et comment l’acte d’écoute lui-même crée la musique en nous.

« J’aime utiliser les matériaux les plus simples – bouts de bois, plaques d’ardoise, gouttes d’eau, vent, feuilles, coquilles d’escargots – avec lesquels je construis des sculptures et des installations. Les paysages sonores qui naissent de ces éléments sont simples ou complexes en fonction du choix du spectateur. Je cherche un équilibre entre l’aléatoire et le programmé, la répétition et le mouvement pour capter et stimuler l’attention.

« Je souhaite que mon travail soit accessible d’une manière sensorielle, et qu’il soulève des interrogations sur les limites entre nature et art. Quelle est la différence entre une belle feuille et une belle mélodie ? A quel moment le rythme régulier des gouttes d’eau se transforme-t-il en battements et en cadences musicales ?

« J’aime m’éloigner de mes installations pour voir comment le public les approche. Je suis toujours heureux lorsque je vois quelqu’un qui s’attarde devant l’une ou l’autre de mes sculptures et qui développe une relation personnelle avec elle. J’essaie toujours d’imaginer l’histoire intérieure que la personne se raconte même si je n’ai aucun moyen de la connaître... » (WM)

Litholigne

Litholigne, comme plusieurs de mes œuvres récentes, réunit la pierre et le bois dans un binôme sonore. Il s’agit d’une ligne d’une vingtaine de mètres de pierres plates de calcaire posées sur un lit de demi tronçons de sapin douglas en forme serpentine. Sa forme sonore est complétée par le présence du public sans qui elle resterait silencieux. Chaque personne est invitée à prendre une perche attachée par un câble à un bloc de chêne et à tirer ce dispositif sur les pierres. Comme ça elle découvrira la tonalité unique de chaque combinaison de pierre et bois qui est créée par les tailles différentes des deux matériaux et par la surface ondulée des pierres. C’est une exploration en même temps ludique et esthétique qui encourage également la réflexion sur la richesse et la beauté de la matière en toute simplicité.