Né en 1978, Manoël Pénicaud est anthropologue et membre de l’Institut d’ethnologie méditerranéenne européenne et comparative (Idemec, CNRS, Aix-Marseille Université). Il est aussi photographe, documentariste et commissaire d’expositions.

Son regard photographique se concentre sur le rapport au sacré et sur les relations interreligieuses dans l’espace euro-méditerranéen. Il travaille sur les figures et les sanctuaires partagés par des fidèles de religions différentes, notamment autour des Sept Dormants.

Son regard photographique s’inscrit dans la continuité de l’exposition Lieux saints partagés dont il est l’un des commissaires et dont différentes versions ont été présentées au Mucem (2015), au Musée du Bardo (2016), au Musée national de la Photographie à Thessalonique (2017), au Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris (2017), au Musée des Confluences à Marrakech (2018), à la New York Public Library (2018), à Depo à Istanbul (2019), à CerModern à Ankara (2021)...

Ses photographies ont aussi été présentées dans d’autres expositions, dont « Prier dans le lieu de l’autre » à l’Institut Français de Marrakech (2022), « Hospitalités Sacrées » aux Rencontres Orient-Occident en Suisse (2018) ; « Chrétiens d’Orient. 2000 ans d’histoire » à l’Institut du Monde Arabe (2017-2018) ; « Inextricabilia. Enchevêtrements magiques » à La Maison Rouge (2017) ; « Toutes les créatures de Dieu sont belles » au Musée du Patrimoine Traditionnel de Djerba (2017) ; « L’Oriente dei Sette Dormienti » à l’Institut Français Centre Saint-Louis à Rome (2011) ; « La Méditerranée des Sept Dormants » aux Rencontres d’Averroès (2011)... 

Ses photographies ont été régulièrement publiées dans la presse : Le Monde des Religions, La Vie, L’Œil, Le Monde de la Bible, Le Courrier de l’Atlas, Télérama, Le Temps, Pèlerin, Qantara, etc. Ses images sont disponibles au catalogue de l’agence Le Pictorium basée à Marseille.

Parmi ses publications, il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles. Son dernier livre est une biographie : Louis Massignon. Le « catholique musulman » (Bayard, 2020), récompensée par le Prix Lyautey 2021 de l’Académie des Sciences d’Outre-mer et par la Mention spéciale du Prix de L’Œuvre d’Orient 2021. Citons également les ouvrages collectifs : Shared Sacred Sites, NYPL, New York, 2018; Coexistences. Lieux saints partagés en Europe et en Méditerranée, Actes Sud-MNHI, 2017 ; Lieux saints partagés, Actes Sud-Mucem, 2015 (Prix Méditerranéen du livre d’Art). Parmi ses monographies : Le réveil des Sept Dormants. Un pèlerinage islamo-chrétien en Bretagne, Cerf, 2016 (2014), et Dans la peau d’un autre, Les Presses de la Renaissance, 2007.

La Méditerranée des Sept Dormants.

Un pèlerinage photographique

Les Sept Dormants sont des saints vénérés à la fois dans le christianisme et dans l’islam où il sont appelés les Gens de la Caverne. Dans les deux cas, ils auraient dormi dans une grotte pendant plusieurs siècles, après avoir été persécutés à cause de leur foi monothéiste. Préfiguration de la résurrection de la chair, ce mythe a considérablement circulé dans les modes chrétiens et musulmans. Au point que de nombreuses cavernes leur ont été dédiées, chacune prétendant être celle du miracle.

S’inspirant des travaux de l’islamologue catholique Louis Massignon (1883-1962), l’anthropologue et photographe Manoël Pénicaud a entrepris dans les années 2000 un périple autour de la Méditerranée sur la trace des Sept Dormants, en partant d’Éphèse (Turquie) qui serait, pour les chrétiens, le site originel de leur réveil au 5e siècle de notre ère.

Entre quête et enquête, cette série de photographies panoramiques se présente comme un pèlerinage en images autour d’une Méditerranée circulaire et aux contours accidentés (comme leur caverne), à la recherche des traces, des récits et des dévotions entrelacées qui anime ce « mythe gouverneur », selon le poète libanais Salah Stetié (1928-2020).