Après des années de jeunesse dans le pays où il naît en 1952, à l’extrême sud de la Tunisie, Abdallah Akar arrive à Paris à la fin des années 60. Il rencontre la Maître Ghani Alani, calligraphe irakien et se forme à ses côtés. Il sera peintre calligraphe, tout en poursuivant sa carrière de professeur de mathématiques et physique-chimie.

En juin 2006, le Festival international de Fès lui ouvre le Palais Tazi où il installe ses fers calligraphiés. Quelques mois plus tard, il accroche la suite de textiles des «Poèmes Suspendus » à la Bibliothèque municipale d’Angers. Fin 2007, il est présent à la première édition d’Art-Paris/Abu Dhabi. Aujourd’hui, il est représenté par différentes galeries dans le monde : à Dubaï, à Mascate, à Miami, à Zurich et à Londres.

En hommage aux poètes des tous les continents, il propose sa vision marquée par une recherche de supports et de combinaisons sans cesse renouvelée. Il aime la complicité du papier et du bois ou des grands voiles de coton.

Dans son atelier du Val d’Oise, Abdallah Akar, intuitif, fervent, aime croiser héritage et création, les sensations et les mondes.

Les Sept Dormants d’Ephèse

Polyptyque sur verre (180 x 43 x 0,8 cm) - 7 Stèles calligraphiées en arabe, style Maghribi avec point d’enluminure. 2006.

Pas d’images, rien que des mots tracés, entrelacés. La religion musulmane a rejeté le culte des idoles. L’icône, la représentation des êtres vivants ont été proscrites. Le monde arabe qui aime la langue, le verbe, a fait de la calligraphie « l’art suprême ». On ne représente pas (ou peu) l’histoire sainte par des images figuratives mais on illustre le récit coranique par l’écriture où la lettre se décline en plusieurs styles, se déforme, s’ornemente pour élever le texte.

L’œuvre présentée est un extrait de la sourate du Coran dite « de la Caverne » (sourate XVIII) racontant la légende des Sept Dormants d’Ephèse. Cette légende est aussi présente dans la religion chrétienne.

Elle introduit une approche différente de l’expression de l’art sacré: ce sont les ornements du texte religieux, sa mise en valeur (ici la transparence du verre traversé par la lumière) qui permettent d’élever l’esprit au spirituel.

La poésie préislamique

Sept stèles en fer ajouré représentant les sept poèmes de Mu’allaqât (200x40x1, 2 cm)- 2005.

Au commencement étaient la lumière et les mots.
Ce travail sur le fer, matière dense et dure, est une recherche de lumière. Cette lumière qui  vient des mots, montre la voie ; qui symbolise la quête du sacré.
Le texte sur cette masse métallique s’exprime dans l’absence de matière.
Au départ, ce travail est dédié aux poèmes suspendus (poésie préislamique (VIIème siècle) qui donnait lieu en Arabie à des joutes oratoires), avec un coufique géométrique dans sa rigueur orthogonale. Une rectitude qui est aussi traduite par l’ombre portée de ces sculptures quand elles sont éclairées d’une certaine manière.

Le fer est une matière vivante qui change suivant l’éclairage et l’intensité lumineuse et cela procure à l’oeuvre une lecture multiple et variée et qui s’impose à l’oeil du spectateur qui ne cherche pas à lire (d’ailleurs sans connaître l’arabe tout texte devient dessin), mais est attiré par la richesse des compositions qui tendent vers l’abstraction lyrique.
« À l’extrémité de la rêverie dure, règne le fer ». Aujourd’hui la rêverie de l’artiste, est un corps à corps qui transporte l’esprit dans « le cosmos du fer ».

 

Born in Tunisia, Abdallah AKAR arrived in France to pursue Science studies at Paris VII University. In 1980, he met an Irakian calligrapher, Ghani ALANI. In the following years, he exhibited in France as well as in Tunisia. Since this period, he has shared his time between the Calligraphy, multiple collaborations such as the INSTITUT du MONDE ARABE, Paris, many seminaries in France and around the world and personal creation in his Val d’Oise studio – close to Paris.

During the early 2000, he realized an Installation which stood out: 16 textiles richly decorated with calligraphy, tribute to the Pre-Islamic poetry and tribute repeated in 2007 by a publication of Poèmes Suspendus (Muallaq’at) edited in both languages, French and Arabic, (see Editions Alterbatives, Paris).

Always researching a renewed demonstration of the calligraphic language, exploring mediums such as fabric, canvas, wood and even glass, he shows his work in Europe and simultaneously on the Middle-East art scene.

The Seven Sleepers of Ephesus

Polyptych on glass (180 x 43 x 0,8 cm) - 7 calligraphic steles in Arabic, Maghribi style. 2006. 
No images, only words traced and intertwined. The Muslim religion has rejected the worship of idols. Icons and the representation of living beings are outlawed. The Arab world, which loves language and words, has made calligraphy "the supreme art". The holy story is not represented (or not very much) by figurative images, but the Koranic narrative is illustrated by writing in which the letter may be written in several styles:  distorted and ornamented to elevate the text.
The work presented is an excerpt from the Sura of the Cave (Sura XVIII) in the Koran, which tells the legend of the Seven Sleepers of Ephesus. This legend is also present in the Christian religion.
It introduces a different approach to the expression of sacred art: it is in the ornamentation of the religious text, its enhancement (here the transparency of the glass through which the light shines) that allows the spirit to be raised to the spiritual.

Pre-Islamic poetry

Seven steles in open-work iron representing the seven poems of Mu'allaqât (200 x 40 x 1,2 cm) - 2005
In the beginning were light and words.
This work on iron, a dense and hard material, is a search for light. This light which comes from words, shows the way, which symbolizes the quest for the sacred.
The text on this metallic mass is expressed in the absence of matter. 
Initially, this work is dedicated to pre-Islamic poetry - 7th century - which gave rise to oratorical jousts in Arabia, that is also translated by the shadow cast by these sculptures when they are lit in a certain way.
Iron is a living material that changes according to the way in which it is lit,  and to the intensity of the light.  This gives the work a multiple and varied interpretation that is perceived by the eye of the spectator who does not try to read - besides, without knowing Arabic, any text becomes a drawing - but is attracted by the richness of the compositions that tend towards lyrical abstraction.

Traduction Jennie Karle