Maria Manuela est née au Portugal en 1953, à Montijo, face à Lisbonne séparée par le Tage. A 5 ans ses parents à la recherche d’un travail, « l’emportent » en France avec ses quatre frères et sœurs. Elle n’y retournera plus. Ils s’installeront à Autun, trois autres enfants naitront. Par souci d’intégration, ils ne parleront plus leur langue maternelle. Elle travaille très tôt, ouvrière en usine de textiles, femme de chambre, aide à la personne. Elle fonde une famille, deux enfants. De son enfance abrupte, elle conserve l’amour du travail manuel, des matériaux, des tissus, de la couleur, du savoir faire. En autodidacte débordante du besoin d’exprimer ses émotions, elle se met à la peinture. Une passion qui ne la quittera plus, jusqu’à s’y consacrer toute entière et exclusivement aujourd’hui. Elle remplit de toiles et sculptures de toutes sortes son petit appartement. Son travail est foisonnant, souvent joyeux, naïf, burlesque et onirique.  Oscillant entre un souci de réalité appliquée et un imaginaire débridé

En 2019, elle donne à voir tout son travail dans une exposition « carte blanche » à Autun.  Surprenant le visiteur de tant d’expressions colorées et vivantes.

 

Autodidacte, Maria Manuela se laisse porter par son instinct et ses inspirations :  

« Comme utiles battements de cœur mes couleurs ! Faire est un duel avec les lumières de soi et nos ombres. » écrit-elle. Elle aime peindre sur des tissus qu’elle coud et prépare soigneusement et laisse apparaître certains motifs dans ses compositions. Elle entre dans une toile comme dans un voyage, toute entière, passionnément. Elle préfère souvent les grands formats où elle dit ne pas étouffer. La peinture lui permet de s’extraire d’elle-même tout en s’y plongeant profondément, conversant avec son cœur et son imaginaire. Un territoire d’expérimentation bien à elle. A ses couleurs souvent vives et chatoyantes, Maria Manuela vient ajouter parfois sur ses grandes toiles de la broderie, d’autres tissus, des perles, des franges. Ses sujets sont multiples, naissant d’un coup de coeur pour une image ou une idée. Qui sait si derrière l'ordinaire des choses ne se dévoilerait pas quelque chose d'extraordinaire ? Elle reproduit, développe, magnifie et juxtapose souvent plusieurs univers, comme cohabitation naïve, burlesque, et émouvante. Elle peut dans la réalisation apporter un soin infini à reproduire avec détails et précisions réalistes un sujet et en même temps elle invente un personnage qu’elle nomme Bobi qui vient comme un double, gribouiller sur ses toiles. Par ce stratagème, elle s’affranchit de la technique qui la contraint parfois. Elle s’émancipe de la belle image en y introduisant de l’humour, de la malice, de l’effronterie. Bobi vient dessiner librement comme un enfant fabriquant ainsi une dualité dans le tableau. Ce bobi lui permet, dit-elle, de ne pas se prendre trop au sérieux. Mais ce qui est sérieux, c’est son absolue nécessité de peindre.